EXPO 1889 PARIS

Catégorie
Exposition Universelle

Dates
05/05/1889 - 31/10/1889

Thème
Commémoration du centenaire de la Révolution française

Désignation Officielle
Exposition Universelle de 1889, Paris

Superficie (ha)
96

Visiteurs
32 250 297

Participants
35


 

Sous l’impulsion de Jules Ferry, alors président du Conseil, il est décidé en 1884 que la France accueillerait en 1889 à Paris sa quatrième Exposition Universelle à l’occasion du centenaire de la Révolution Française. Outre la célébration du centenaire, l’Exposition Universelle 1889 a pour objectif d’affirmer au monde la stabilité et la puissance du gouvernement républicain.

Inaugurée le 6 mai 1889 par le Président Carnot, l’Exposition, avec plus de soixante et un mille exposants, est organisée sur trois grandes zones : le Champ-de-Mars, le Trocadéro, et nouveauté par rapport aux précédentes éditions, l’Esplanade des Invalides. Elle est, pour la première fois, organisée à partir d’un montage financier tripartite qui allie l’État, la ville et le secteur privé. Berceau de la Tour Eiffel, l’Exposition Universelle 1889 se distingue également par le nombre de prouesses architecturales consacrant le fer et l’acier.

La Tour Eiffel

Pour l’Expo 1889, la France souhaite exposer une tour qui dépasse tous les édifices jamais construits. Ce vaste projet n’est pas nouveau et déjà l’Exposition Universelle de 1876 à Philadelphie avait nourri l’ambition de construire une tour de mille pieds (environ 300 mètres). Deux ingénieurs de l’entreprise Eiffel & Cie, Émile Nouguier et Maurice Koechlin, imaginent alors une « tour de 300 mètres ». L’architecte Stephen Sauvestre se greffe au projet et redessine entièrement la forme de la tour pour lui donner son aspect final. Gustave Eiffel, le propriétaire de la société, co-dépose ensuite le brevet du projet le 18 septembre 1884.

Un concours est alors lancé par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Edouard Lockroy afin d’« étudier la possibilité d'élever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée, de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur » (extrait de l'article 9 de l'arrêté du 1er mai 1886). Parmi les cent sept projets présentés, la tour de Eiffel et Sauvestre correspond parfaitement aux critères. Le 26 mai 1886, Gustave Eiffel obtient rapidement le droit de construire la tour selon des procédés ingénieux et novateurs. Il suffira en effet de 2 ans, 2 mois et 5 jours pour que chaque jour, entre 150 et 300 ouvriers sur le site assemblent les quelques 18 000 pièces qui composent la Tour. Commencés en janvier 1897, les travaux sont achevés le 31 mars 1889 et la Tour ouvre au public le 15 mai. Plus de deux millions de visiteurs la visitent alors entre mai et novembre 1889.

Une architecture en renouveau

L’Exposition est également le berceau d’exploits techniques et de prouesses architecturales avec ses monuments impressionnants ; sur le Champ de Mars, les palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux et le palais des Industries diverses surplombent les pavillons présents, tandis qu’au fond de l’esplanade, la galerie des Machines s’illustre par ses dimensions hors-normes.

Œuvres de l’architecte Jean-Camille Formigé, les Palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux, deux palais jumeaux d’environ 200 mètres de longueur sur 50 mètres de largeur, entourent la Tour Eiffel.

Le palais des Industries diverses par Joseph Bouvard est quant à lui édifié sur l’axe majeur du Champ-de-Mars, en vis-à-vis de la Tour Eiffel. Son Grand Dôme central aux ossatures métalliques ne contient aucune œuvre mais permet l’accès aux galeries des industries diverses et à la « Galerie des Machines ». Avec vitraux et ornements polychromes, et ses 1300 becs qui l’illuminent la nuit, le Grand Dôme constitue un joyau de multiples couleurs.
La Galerie des Machines, par Ferdinand Dutert en collaboration avec l’ingénieur Victor Contamin, constitue alors la plus grande structure métallique en Europe (et ce jusqu’à sa démolition en 1909) d’une superficie de 8 hectares, avec les plus grandes voûtes au monde. Avec son immense nef de verre et de métal bâtie sans appui intérieur, elle abrite des machines industrielles innovantes, telles que des marteaux atmosphériques, des machines à fabriquer les cigarettes, l’atelier de fabrication d’une horloge Tissot, des phonographes et des téléphones. De par sa taille, les visiteurs, pour la traverser, peuvent emprunter des ponts roulants, suspendus à 7 mètres du sol qui permettent d’aller d'une extrémité à l'autre de la galerie ou d’admirer l’ensemble du bâtiment du haut d’un belvédère avec ascenseur.

La modernité au cœur des progrès

La seconde révolution industrielle est en marche et de nombreuses innovations illustrent le progrès technologique : en architecture, l’utilisation du verre plat et du métal marque le début d’une nouvelle ère. Les machines à vapeur (avec notamment les grues hydrauliques et à vapeur qui servirent à construire la Tour Eiffel et la Galerie des Machines) font l’objet d’un fort intérêt. Les machines spécialisées pour l’industrie textile sont en plein essor et présentent l’expertise de production française, et toujours dans l’industrie textile, Herminie Cadolle se dévoile sa nouvelle invention : le soutien-gorge.

Dans le domaine de l’automobile, Armand Peugeot et Léon Serpollet présentent leur premier véhicule à vapeur à mi-chemin entre le tricycle et l’automobile alors que Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach y révèlent leur moteur à essence avec leur « Stahlradwagen ». Pour l’électricité, Aristide Bergès présente sa « Houille blanche », le concept à la base de l’hydroélectricité et Edison y expose notamment sa lampe à incandescence mais aussi son gramophone. Il vient ainsi pour la première fois en Europe pour l’Exposition et la France lui fait un triomphe.

Les Arts Décoratifs s’exposent quant à eux au sein de pavillons à travers les céramiques, les meubles, l’orfèvrerie, la joaillerie et les Manufactures nationales. L’Exposition consacre ainsi l’émergence d’un style artistique nouveau, L’Art Nouveau, et notamment Émile Gallé (Grand prix pour le verre, Médaille d’or pour la céramique et Médaille d’argent pour le mobilier) et Louis Majorelle (médaille d’argent dans la catégorie meubles à bon marché et de luxe).

Une Exposition républicaine

En célébration du centenaire de la Révolution française, la Bastille est reconstituée à l’occasion de cette Exposition de laquelle sont absentes de nombreuses monarchies d’Europe qui ne cautionnent pas la célébration des idéaux Républicains. Seule une trentaine de pavillons nationaux sont présents. Cependant la présence américaine y est forte et en raison de l’enjeu économique, des délégations industrielles britanniques, allemandes et italiennes se rendent quand même à l’Exposition. Pour encourager la visite de l’Exposition de la part de l’ensemble de la nation, des mesures permettant de coupler le billet de train avec le billet d’entrée de l’Exposition sont prises pour les visiteurs de province. Un Pavillon des Enfants, à destination du jeune public, est établi. En outre, quatre pavillons et une galerie sont consacrés à l’hygiène, véritable enjeu social et politique. Au-delà de l’aspect technique du progrès et de la modernité, leur aspect social est mis en lumière tout au long de l’Exposition.

Le 31 octobre 1889, l’Exposition ferme ses portes après avoir enthousiasmé plus de 32 millions de visiteurs.